« Le nom de Parme, une ville où je désirais le plus aller depuis que j’avais lu La Chartreuse » Marcel Proust.
Il est 7 h 30, les garçons de café servent les premiers espresso, les écoliers encore endormis trainent vers leur scolarité, les paroissiens sortent des lieux de culte. Regroupés Place des Moulins, nous entrons dans l’autocar.
19 rotariens accompagnés de 18 épouses, s’éparpillent selon affinité sur des sièges confortables. Ils ont conscience de la durée du trajet jusqu’en Emilie-Romagne où ils vont rencontrer les amis du Rotary Club de Parme créé le 3 octobre 1925, notre club contact dès le 5 octobre 1956. Depuis des siècles la Principauté, l’Italie et la France ont des attaches concrétisées par des voies de communication et des faits historiques.
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Nous ne voyageons plus à bord d’un quadrige galopant dans un nuage de poussière sur les dalles de basalte de la via Aureglia mais dans un luxueux autobus garance « Volvo » répondant à l’immatriculation 539F indigo sur fond éburnéen.
Nous empruntons l’autoroute des fleurs, admirant la beauté de la Ligurie, la « Mare Nostrum » infinie, frisotée, diaprée, reliée au lointain ruban céruléen du ciel et la campagne verdoyante déployant ses champs d’oliviers au delà de l’horizon.
Après une courte halte, nous parcourons l’autoroute del Sole. L’Apennin septentrional, dont les sommets frileux se coiffent d’un blanc bonnet neigeux, légèrement érubescent en cette fin d’après-midi ensoleillée, nous accompagne tout au long de cette vaste plaine padane fragmentée de vertes rizières, berceaux enchanteurs de succulents risotto.
Un repas prévu avant d’atteindre Parme nous invite à effectuer un petit détour par Pavie, ville universitaire où Hercule
Grimaldi, fils d’Honoré Ier, obtint le grade de Docteur au XVIe siècle et à rappeler ces deux évènements historiques.
Le seigneur Jean Ier Grimaldi, fils de Rainier II, soutient son beau frère Tomaso Fregoso dans sa lutte contre le Duc de Milan, Philippe Marie Visconti, fils du Duc Jean Galéas Visconti.
Le seigneur Jean II Grimaldi, fils de Claudine et Lambert, accompagne le Roi Charles VIII dans ses guerres d’Italie, puis le Roi Louis XII qui revendique l’héritage de sa bisaïeule Valentine Visconti dont son père, Jean Galéas Visconti Duc de Milan, posa la première pierre de la Chartreuse de Pavie en 1396.
Un des plus importants édifices de l’architecture gothique. Les travaux durèrent plus de deux cents ans expliquant la superposition des styles. L’église majestueuse inachevée offre aux visiteurs un frontispice finement décoré de revêtements sculptés. Nous contemplons les marbres, les vitraux, les sculptures, les fresques, les peintures de Bernardino Luini, de Bartolomeo Mantegna, de Bergognone dont son retable de Sant’Ambroglio. Nous déambulons dans le grand cloître et dans une des 24 cellules des moines…
La « Locanda Vecchia Pavia al Mulino », restaurant étoilé au guide Michelin, situé dans le cadre bucolique et romantique d’un moulin du XVIIe siècle, a concocté un déjeuner, aux mets variés et goûteux nous régalant avant la visite du monastère chartreux.
Parme, nous voici. Etrusque, romaine en 183 av. J.C, byzantine, lombarde sous Charlemagne en 779. Au XIIe siècle elle est sous la domination milanaise des Visconti puis des Sforza et en 1513, aux mains du pape Jules II qui chasse les français de la Romagne et du Milanais. En 1545, le pape Paul III Farnèse crée le duché de Parme et Plaisance et par népotisme l’octroie à son fils Pierre-Louis. En 1731, Elisabeth Farnèse, épouse du Roi Philippe V d’Espagne l’obtient pour son fils Charles. Le duché passe ainsi aux mains des Bourbons-Parme. En 1801, Napoléon Bonaparte l‘annexe à la république française.
En 1814, le traité de Fontainebleau rétablit la pleine souveraineté du duché…
Parme, ville coupée en deux par la rivière Parma, affluent du Pô, pourrait énumérer indéfiniment les noms de ses personnalités, Toscanini, Parmigianino, Verdi, Paganini, Stendhal et de ses domaines culinaires, parmigiano reggiano, prosciutto.
Au « Starhotels du Parc », les chambres claires et spacieuses nous réservent une surprise, un aimable mot d’accueil du Président Gian-Paolo Lombardo et un sachet de denrées emblématiques. A 20 h, nous allons au « Circolo del
Castellazzo ». Dans un magnifique parc, doté d’une végétation luxuriante, se blottit la salle à manger décorée pour révérer notre soirée amicale de bienvenue. Nous reconnaissons certains amis, dont le plus célèbre est certainement Vittorio au visage toujours accort. Deux ou trois verres de vin suffisent pour s’affranchir des barrières linguistiques. Quelques mots en français, d’autres en italien, beaucoup avec les mains enfiévrées prolongent tardivement les discussions.
Samedi 27 avril. Le soleil brille sur la ville, Franco, un des deux chauffeurs, nous emmène à la coopérative du Parmigiano Reggiano mondialement connu. Emballés de la tête aux pieds dans une tenue ad hoc, nous écoutons les explications techniques prodiguées par Vittorio et le suivons à travers les locaux réservés à la maturation du fameux fromage. C’est dans d’énormes cuves remplies de lait que commence la magie fromagère. Heureusement aucun d’entre nous n’est tombé dans la potion magique comme Obélix. Le volumineux entrepôt contient des milliers de meules d’âge croissant empilées symétriquement sur des hauteurs vertigineuses. Un petit marteau permet de reconnaître la qualité du produit en tapotant dessus tout comme le médecin face à un thorax avant l’explosion du scanner.
Dans le centre historique, accompagnés du guide, nous gravissons les marches du théâtre Farnèse construit dès 1618 par Ranuce Ier, duc de Parme et Plaisance pour fêter l’arrivée à Parme du grand-duc de Toscane Cosme II se rendant à Milan se recueillir sur la tombe de saint Charles Borromée canonisé en 1610. Edifié dans une salle au premier étage du Palazzo della Pilotta, il est achevé à l’automne 1618 et attribué à
Bellone (déesse de la guerre) et aux Muses. Cosme II malade, annula son pèlerinage. Inutilisé pendant près de dix ans, il est inauguré le 21 décembre 1628 à l’occasion du mariage d’Édouard, fils de Ranuce, avec Marguerite de Médicis. La dernière représentation est jouée en 1732, en l’honneur de Don Carlo de Bourbon dans le duché.
La cathédrale romane en forme de croix latine possède une magnifique crypte. Une fresque de l’Assomption de la Vierge par le Corrège décore la coupole du dôme. Sa façade, ornée d’une triple série de petits arcs, présente deux grands lions de marbre sculptés en 1281. Commencée en 1059 à la demande de l’évêque Cadalo futur antipape Honorius II, elle est consacrée en 1116 par le pape Pascal II. Le baptistère octogonal, en marbre rose de Vérone est un exemple de la transition entre l’art roman et l’art gothique. Dédié à saint Jean Baptiste, il est l’œuvre de Benedetto Antelami. La basilique Santa Maria della Steccata. Cette dénomination tient à la palissade construite au XVe siècle pour protéger une image de saint Jean Baptiste réputée miraculeuse en 1392.
Vers 17h, ayant emmagasiné quelques notions didactiques de cette guide tant passionnante que passionnée, nous parcourons les mythiques ruelles où déferlent des grappes de badauds. Les devantures installent des échafaudages de charcuteries et de fromages, les cafetiers désaltèrent autochtones et touristes envahissant leurs terrasses, tandis qu’un peu plus loin, un ensemble de jeunes musiciens animent bruyamment le quartier.
20 h, début de la reception officielle interclubs au siège, le restaurant Maxim’s Hôtel Maria Luigia se substituant au Circulo di Lettura fréquenté précédemment. Le nombre important des membres présents des deux clubs traduit, n’en doutons pas, notre attachement réciproque. Les dames, toujours gracieuses et élégantes, oracle du succès, les messieurs cravatés portent dignement leur insigne Paul Harris, rubis ou saphir selon de rigoureux critères rotariens. Les deux présidents ceints de leur coruscant collier affichent une joie non dissimulée sous- entendue par les succès et la gloire éphémère d’une année de présidence rotarienne accomplie. Debout, immobiles, les hymnes nationaux retentissent, moment émouvant et fierté de notre appartenance à une grande nation. L’ambiance est détendue et joyeuse, les échanges amicaux, la tachyphémie, les rires, accentués par une friande cuisine et l’efficience de l’échanson, résonnent dans ce lieu festif. Les discours des présidents, prononcés dans la langue de Dante Alighieri, déclenchent des salves sincères d’applaudissements. L’échange des oriflammes respectives et des cadeaux personnalisés signent aussi une fidèle harmonie de 63 ans. David, le second autocariste nous ramène à l’hôtel pour un bref sommeil, en effet un planning toujours aussi dense et convivial occupera notre dimanche.
Deux options sont proposées en ce début de journée du 28 avril, soit assister à un office religieux chrétien, soit découvrir une exposition d’art chinois. La première proposition totalise quatorze voix, les autres membres ont plébiscité la culture asiatique. Les bagages sont rangés dans le bus qui roule maintenant vers le « Labyrinthe della Masone » de Franco Maria Ricci. Un large espace de 5000 m2 recouvert de milliers de bambous délimitant un quadrillage piétonnier à parcourir dans cette forêt de graminées sans fil d’Ariane. Attention à ceux qui s’égareraient dans ce dédale végétal. Par chance, nous n’avons aucun participant disparu à déplorer, tous ont répondu présent au restaurant 12 Monaci, un ancien couvent à Fontevivo, où se déroule notre dernier rendez-vous convivial avant le retour à
Monaco. Jambon de Parme, parmesan, desserts, vin à volonté et par dessus tout une chaleureuse ambiance rotarienne.
Le week-end touche à sa fin, les conducteurs n’ont pas bu de boisson alcoolisée. L’heure de la sieste ne tardera pas, aussi avant de clore les yeux, les remerciements jaillissent envers les organisateurs d’un si auguste déplacement en Emilie-Romagne et en particulier Giuseppe qui a mis tout son charisme en tandem avec Vittorio.
Il est 21 h quand l’autobus s’immobilise Place des Moulins, avec 900 km de plus au compteur.
Merci aux participants plein d’entrain et d’amabilité, de Monaco et de Parme,
M et Mme Aygun, M et Mme Bensa, M et Mme Colozier, M et Mme de Chiera Giovanni, Met Mme Ferreyrolles, M et Mme Gastaud, M. Gastaud Alexandre et son amie Capucine, M et Mme Lorenzi, M et Mme Margossian, M et Mme Migliorero, M et Mme Nedelec, M Palmaro Christian, M et Mme Palmaro Vincent, M et Mme Sarno, M et Mme Scarlot, M et Mme de Sevelinges, M et Mme Ward, M et Mme Weill Patrick, M. Weill Pierre et Laureen son amie. Merci aussi à notre ami Georges Grinda, qui toujours attentif à la vie du club, a remis des présents pour les rotariens de Parme.
Messieurs et Mesdames, Aiassa, Agnetti, Gallieri, Lombardo, Maselli, Paladini, Rainieri, Sara Vicerettore Musso, Vettori, Villazzi, Volpi, Docente, et Vittorio.
« La distance qui mène à l’amitié n’est jamais trop grande » (Proverbe africain)
Alain Gastaud